sept 30 2012
J’écris cet article en réponse d’un commentaire d’un lecteur donc merci tout d’abord à Alex pour ses demandes de précisions qui me permettent de développer le sujet “comment pratiquer la compassion”. C’est assez difficile de démarrer sur un thème car de nombreux angles de vues sont possibles. Grâce à ce commentaire, cela me permet de pouvoir répondre de façon précise.
Voici le commentaire d’Alex :
“Salut Jonathan,
J’entends souvent parler de la méditation sur la compassion ou sur l’amour altruiste.
Je médite depuis 2 semaines maintenant, et jusqu’à présent j’ai toujours eu l’habitude de méditer sur « rien », en me concentrant sur ma respiration, ou sur l’instant présent, en laissant le flot de penser se faire et se défaire.
Je voudrai savoir ce que signifie méditer sur la compassion, comment ça marche ? Faut-il cette fois-ci « penser très fort » ?
Et plus personnellement, médites-tu sur quelque chose de particulier ? 🙂
Merci beaucoup.”
Après avoir médité un certain temps, on réalise que l’amour altruiste et la compassion sont notre état naturel à tous, notre véritable nature. On peut alors se demander pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas ainsi au quotidien.
Notre mental qui fonctionne de façon inné recouvre notre vrai nature par de nombreuses couches d’illusion. Ce que j’entends par le mental et les illusions, c’est la petite voie dans notre tête qui essaie de nous séduire pour nous emmener dans différentes directions. Parfois elle s’accompagne d’émotions et d’images mentales, c’est alors très difficile de lui résister. Tout cela est basé sur notre survie et ce sont nos conditionnements qui remontent à la surface et se manifestent selon les circonstances du moment. Le cerveau reçoit des informations de nos 5 sens puis les interprètent selon sa base de données (notre vécu, nos nœuds, nos peurs, etc…).
Notre véritable nature est amour et compassion mais au fils du temps, cela va être recouvert par de nombreux concepts, de nombreuses idées sur soi, sur les autres, sur ce qui est bien/pas bien, agréable/désagréable, souhaitable/à éviter. C’est sur cette dualité que repose notre façon de fonctionner.
Si les circonstances sont conformes à ce qui est souhaitable, nous voila emporter dans un doux tourbillon d’émotions positives, très agréable à vivre. A l’inverse, dès que les circonstances deviennent ce qui n’est pas souhaitable, nous voila emporté dans le négatif et dans la souffrance intérieure. Cette dualité s’est crée au fils du temps. En sortant de ce schéma et en prenant les choses comme elles sont, il n’y a plus de problèmes. Le bonheur devient inconditionnel, non dépendent de circonstances particulières.
En état ordinaire, avec cette dualité, le bonheur est dépendant de circonstances particulières. Comme c’est une construction mentale et non la réalité, ce qui est considéré comme souhaitable/bien sera différent pour chacun d’entres nous. Le problème avec cette façon de fonctionner, c’est qu’il faudrait qu’à chaque instant, toutes les circonstances soient réunies pour correspondre à ce qui est recherché par notre mental.
Hors, les phénomènes changent et se transforment donc ceci est d’avance voué à l’échec. Si je mets mon bonheur en les mains de ma réussite financière par exemple, c’est un bonheur conditionné à cette réussite. Si cela réussi je suis heureux sinon je ne le suis pas. La réalité se transformant à chaque instant, même en étant arrivé à un certain point de réussite (relative), tout cela peut disparaître. On ne peut rien figer avec certitude.
En étant en accord avec la réalité des phénomènes et le fait que tout se transforme, que rien n’est immuable, on est en paix soi même. Plus besoin de courir après 10000 choses pour être plus heureux. Tout est déjà là ici et maintenant.
Dans cet état, on est reconnecté avec sa vraie nature. L’autre est tel qu’il est, point final. Il n’y a rien à rajouter. C’est cette résistance à ce qui est qui va poser problème en nous faisant souffrir.
En réalisant la nature des phénomènes, on comprend que nous sommes reliés aux autres, que nous sommes qu’un élément parmi l’univers. Un peu comme dans notre corps ou chaque cellule à son rôle à jouer pour le fonctionnement de l’ensemble du corps. Si une cellule ne se préoccupe plus que d’elle-même, cela va se faire au détriment de l’harmonie générale et cela favorisera la maladie.
L’ego nous fait croire à la séparation entre nous et les autres mais il n’y a rien de plus éloigné de la réalité que cela. Comme une vague faisant partie de l’océan et qui se modifie au gré de nombreux éléments se présentant sur son chemin. La vague résulte de ses nombreux éléments et prend une forme particulière à un instant donné tout comme nous. Elle ne peut pas être séparé du reste de l’Océan, ni exister seule, c’est pourtant ce que l’on croit quand on fonctionne sur la base de l’ego.
Méditer sur la compassion ou l’amour altruiste ne consiste pas à créer quelque chose de particulier mais à se reconnecter à sa vraie nature. J’ai conscience que pour Alex qui médite depuis 2 semaines, cela peu paraître un peu flou et abstrait mais avec le temps, les choses vont s’éclaircir. Néanmoins, il est tout à fait possible d’observer son état intérieur selon la situation et de se rendre compte de ce qui contribue à notre bonheur ou non. En cultivant, la jalousie, la colère, comment se sent-on ? En souhaitant le bonheur des autres, comment se sent-on ?
Comment procéder ?
Il est important d’arriver à avoir un minimum de calme intérieur car sinon il est bien difficile de méditer sur quoi que se soit. Les pensées nous entrainant dans toutes sortes de direction. Cela n’a pas non plus besoin d’être parfait mais un minimum de calme est nécessaire.
A ce moment là, on peut graduellement penser à un enfant ou à une personne avec qui on a de l’affinité et lui souhaiter d’être heureux, de réunir les conditions pour être heureux et demeurer dans cet état. C’est facile de démarrer ainsi car il est plus facile d’avoir de la compassion pour un enfant ou une personne qui nous tient à cœur. Puis on peut ensuite élargir cela à d’autres personnes qui nous sont de moins en moins familières. Le plus difficile étant de souhaiter cela à celui qui nous aurait causé du tort, d’arriver à lui souhaiter de prendre conscience de ce qu’il fait et de se libérer de ses conditionnements et de sa vue rétrécie des choses. Car ainsi, même s’il en persuadé, il ne trouvera aucun bonheur au bout du chemin dans cette façon de fonctionner.
C’est important de garder en tête que la méditation est un entrainement pour la vie de tout les jours et pas une fin en soi. Il y aura sans doute toujours des gens pour vous irriter et cela est très bien au final. Cela permet d’apprendre et de voir ses noeuds, la personne a appuyé sur un bouton sensible. S’il n’y avait pas d’ego, il n’y aurait plus de problèmes car personne n’est alors touché. Observez à ce moment là ce que vous ressentez et comment vous êtes. Observez ce que vous ressentez quand vous arrivez à souhaiter à cette personne de se libérer de ses vues limitantes et d’être heureuse.
Vous aurez vite fais de comprendre ce qui est facteur de bonheur et de paix intérieure et ce qui est un facteur perturbateur pour la paix intérieure. Tout cela prends du temps donc je souhaite à Alex de pouvoir poursuivre et d’arriver réaliser tout cela.
J’espère que cet article vous sera utile, si certains points ne sont pas très clairs, j’essaierais d’éclaircir cela dans les commentaires donc n’hésitez pas à demander des précisions. Au plaisir 😉
Crédits photos (dans l’ordre d’apparition) : © rudall30 – Fotolia.com / © Kadmy – Fotolia.com
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