mardi 23 Avr 2024
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Spiritualité

Le dévot qui voulait être Gourou à la place du Gourou.

Note: Merci à Didier du blog “le voyage du lâcher prise” qui est l’auteur de cette histoire.

Itsomi était un dévot fort dévoué, en tout cas en apparence. Il vivait maintenant depuis plus d’un an dans un ashram des environs de New Delhi et suivait à la lettre les directives de son maître spirituel bien aimé.

Ces directives consistaient en :

un levé aux aurores,

des méditations savamment “mantratisées”,

des chants répétés,

un service au maître spirituel toujours renouvelé,

l’écoute journalière de ses paroles,

une bonne technique de méditation afin d’apprendre à méditer,

une énergie d’amour quotidiennement focalisée.

Sur les conseils d’autres guides spirituels, Itsomi avait même ajouté un mimétisme complet aux faits et gestes de son phare dans la nuit : son Gourou.

Tout cela pourquoi me demanderiez-vous ?

Pour sa guérison spirituelle qui devait passer par l’éveil spirituel, lui avait-on dit.

Tout un programme, qu’il suivait donc à la lettre et avec une assiduité bien exposée. Toutes les pensées de notre homme en quête, étaient focalisées sur ces données comme toute son attitude tendait à montrer que le maître spirituel était en tout point, son supérieur. Par ricochet, il se posait en inférieur. Ainsi Itsomi, se devait de remonter l’échelle, mais quelle échelle ? Celle de sa compréhension intérieure ou de sa dévalorisation ?

Encore un autre programme.

Le maître en soi n’était dans ce cas ni conté ni compté. Pourtant, bien tranquillement assis au cœur d’Itsomi, comme de tous autour et au-delà, celui-ci regardait avec un amusement non dissimulé et rempli de malice, ces rituels endiablés.

C’est peut-être même ce maître en soi qui joua des tours à notre pauvre dévoti Itsomi.

C’est ainsi que ses petites crises commencèrent lors d’un service à son maître spirituel et c’est en lui préparant dévotement son plateau du petit déjeuner que la première arriva. Tout en train d’égayer ce plateau, de fleurs, boisson chaude, agréments à tartines et un fruit, sa main droite, brusquement, saisit ce fruit destiné à celui qui détenait les clés de son aboutissement. Il le porta bien vite à sa bouche. Fort heureusement, la bouche ne s’ouvrit pas et notre ami fut étonné. Non pas que la bouche resta fermée mais que le dit fruit défendu s’y retrouva. Il reposa aussitôt celui-ci, quand sa main gauche, toujours avec brusquerie, se mit à saisir le pain beurré pour l’apporter à cette même bouche. Là, il tomba en déconvenue même si ses lèvres ne s’ouvrirent toujours pas d’un iota. Comme il pensait que son estomac était demandeur, il se dirigea vers le frigidaire afin de mettre fin à cette faim et là, ce sont ses jambes qui, encore brusquement, le ramenèrent au plateau où ses mains folles saisirent le verre de jus d’orange et le portèrent, sans aucune forme de procès, à ses lèvres offertes. Et là, oui, chères lectrices et chers lecteurs, elles s’ouvrirent. Ach ! Pauvre jus d’orange qui ne s’éveillera pas dans le ventre de l’éveillé. Vous riez ? Attention, savons-nous réellement, ce que l’unité pourrait nous faire expérimenter ? La réalité dépasse la fiction. Toujours est-il que dans sa réalité, Itsomi ne tenait plus ses pieds et ses mains et comme il craignait avec horreur, d’être récupéré par l’adage : “jeux de mains, jeux de vilains” il décida d’aller demander conseil à Swamiji l’aide de son maître spirituel.

L’ashram était relativement grand et tout en remontant le jardin, notre infortuné réfléchissait ; “cela doit être mon énergie spirituelle. Oui, j’ai très certainement fait un kriya.” Sachez que dans ces moments de déconvenue, notre mental cherche toujours une explication sensée et raisonnable, ainsi une raison qui s’adapte à sa propre ouverture. Kriya, représente une manifestation du nettoyage spontané que peut effectuer la Kundalini éveillée d’un sujet non réveillé. Comme le nom l’indique, cela secoue, donc cela réveille. Quelque fois, il en faut un sacré paquet.

Itsomi était donc dans ses réflexions quand sans même savoir ni comment ni pourquoi, il se retrouva dans la salle de méditation. Il n’y avait pas de programme à cette heure et sa décision était d’aller voir Swamiji, bizarre. Sans chercher à comprendre cette fois, car parfois il est plus sage de laisser tomber, il s’empressa de se presser à sa décision mais là, comble de tout, ses jambes s’emballèrent et l’amenèrent tout de go devant le fauteuil de son guide spirituel bien aimé. Au comble de tout, ses mains commencèrent à caresser la légèreté du tissu soyeux et coloré. Pour se punir d’un tel blasphème, il se frappa tour à tour la main droite puis la main gauche avec respectivement la main gauche puis la main droite, bien évidemment, le contraire aurait dépassé l’entendement. Comme il s’apprêtait, en se tournant, à suivre soit la route vers l’illumination qu’il s’était assignée, soit, à comprendre ce qui lui arrivait, ses jambes jouèrent à nouveau les troubles fêtes. Elles l’obligèrent non seulement à s’asseoir honteusement sur la propriété du maître, mais en plus à y frotter joyeusement son séant comme un chien remuant sa queue.

C’en était trop, de toutes ses forces il se leva pour quitter en alerte cette salle emplie de pureté et ce fameux fauteuil. En d’autres circonstances, ses jambes auraient été à son cou, mais les diablesses voulaient rester là.

Ce contre sens laissait apparaître une piteuse mais cocasse image d’un homme marchant sur un tapis roulant dans le sens contraire de son déroulement. Pourtant, Itsomi, non sans un colossal effort et en jouant des pieds et des mains, réussit à passer le seuil de la porte. Aurait-il pu penser que dans cet effort surhumain il avait atteint le Nirvana et vaincu le malin ? Je ne crois pas, la frayeur était trop importante. Au contraire, pensant que même Dieu l’avait abandonné, courant sur son tapis roulant, marchant à l’envers, non pas vers sa chambre, car ici elles s’occupaient à plusieurs, il se réfugia dans un “double V C” qu’il ferma à double tour. Sa langue à travers ses mâchoires serrées prononçait en boucle : “je veux être Gourou à la place du Gourou ! Je veux être Gourou à la place du Gourou ?…”

Notre Itsomi attendait tout honteux dans son petit cabinet. L’eau chantait doucement. Il fut naturellement dérangé, après une bonne heure d’attente dont on ne sait de quoi, par quelqu’un qui lui, après avoir longtemps patienté, savait pourquoi : “oh ! Pandava, mais qu’est-ce que tu fais là, tu en mets un temps ?

Excuse-moi, mes intestins sont dérangés. Pardonne-moi, je te laisse la place”, lui répondit-il.

Se retrouvant dehors, Il devait bien aller quelque part, et comme l’assassin retourne toujours sur les lieux de son crime, Itsomi revint à la cuisine. Son maître spirituel s’y trouvait, il attendait son plateau. Comme allumé tout à coup, par un néon divin, le visage du dévot se relâcha : “enfin quelque chose de normal”, pensa-t-il. Puis tout à coup, crac ! Ses jambes l’emportèrent devant le normal, et l’emportèrent, lui, Itsomi, devant son gourou. Ses bras l’empoignèrent, et notre gai luron se mit à danser avec lui, une gigue endiablée jusqu’à chanter à tue-tête. Le sage rit de voir cette vie se manifester. Itsomi, devant tant de simplicité, eut honte. Il arrêta net sa danse, tourna les talons, et partit en trombe. Pendant trente secondes, ses jambes, telles des roues au-dessus du sol, tournèrent sur place. Au coin même de la porte, il se cogna et tomba, bien sûr il n’avait pas sa ceinture. Peu importe, il se releva très vite et obligea ses jambes à le suivre.

La déconfite journée passa, le chemin du dit spirituel continua.

Quand Gourou quitte sa place, le sot y saute.

Dix-huit heures, l’heure du programme du soir.

En bon dévoti, Itsomi se rend à ce programme. Il ne le raterait pour rien au monde. Ses membres ont l’air d’être de la partie, de ce côté tout semble normal. Il passe la porte, les yeux malicieux de son mentor se posent sur lui. Itsomi ne sait plus où se mettre, son maître lui montre une place d’une main maîtrisée, il s’y dirige puis s’assoit. Dans le geste, son regard croise à nouveau l’homme où aboutissaient toutes ses pensées. Cet homme l’observe calmement avec un large sourire. Une frénésie sans nom, s’empare alors d’Itsomi, voilà qu’il se prend pour un kangourou dopé, doublé d’une sauterelle géante. Les jambes d’Itsomi ne font qu’un tour, le voilà debout et même mieux, il virevolte de bonds agiles et élégants, passant au-dessus des chaises devant lui. Cela a l’air de ne lui coûter aucun effort, lui qui n’a jamais été très habile en saut de haies ! Il se dirige vers son guide spirituel en chantant : “je suis le kangourou sacré, le gourou qui voulait être gourou à la place du gourou. It so no me ! It so not me”

La salle ne sait pas trop si elle doit s’esclaffer ou s’indigner. Le sourire en fauteuil reste calme, serein et silencieux à la fois. Notre membre en folie, est devant son gourou en sautant sur place. Les yeux de son maître semblent lui dire :”que veux-tu, Itsomi ?”

Notre pois sauteur ne répond pas, le sage se lève et l’invite à s’asseoir dans ce fauteuil tant convoité, d’un coup il s’y laisse choir.

Le gourou qui voulait être gourou à la place du gourou, semble content. Son séant a l’air d’apprécier la ferme mollesse du fauteuil. Il s’installe et regarde tout autour de lui, il se sent serein, accompli dans son destin.

La salle l’observe, certains s’apprêtent à quitter l’endroit quand le gourou qui était gourou les retient dans un geste.

Itsomi, sourit à chacun. Pourtant, personne ne lui retourne son expression. Petit à petit le doute le prend, il se met imperceptiblement à trembler. Il est possible de voir quelques gouttes de sa transpiration. Un silence épais comme une sauce trop farineuse, plane dans l’atmosphère. Le fauteuil à l’air de devenir inconfortable, Itsomi s’effondre, ses jambes ne le portent plus et ses bras ne font plus rien, le passé lui remonte comme un plat non digéré. Il voit son père, sa mère, son impression d’avoir été mis de côté. Son maître spirituel s’approche de lui, son attitude semble lui dire : “et alors ?”. L’école lui remonte avec cette grande bataille au devenir, puis les camarades, les jalousies, les envies. Tout cela forme une immense tambouille indigeste. Son maître s’assoit à quelques centimètres de lui toujours avec un “et alors ?” dans son attitude. Itsomi pense à sa femme, à la frustration de ne jamais avoir pu la contenter, correspondre à son image. Le sage pose délicatement sa main sur la jambe de son élève, le “et alors” est encore plus probant, Itsomi tombe dans ses jugements cachés, c’est une autre mélasse bien plus redoutable, composée de lectures, de conclusions et d’étiquettes toutes faites sur les raisons de ses échecs. Ce qu’il prend pour ses laideurs, ses manquements, ses incapacités défilent sous le phare de sa conscience.

Le sage le regarde et cette fois prononce : “et alors…”

Et alors !

A partir de ce point plusieurs chutes peuvent se passer.

La vie nous donne ses réponses en fonction de nos ouvertures.

Comme je n’ai pas envie de tomber dans une chute conventionnelle, et que le voyage est plus important que l’arrivée, je vous propose un jeu. Vous trouverez ci-après plusieurs possibilités de fin. Si vous le désirez, vous pouvez laisser dans les commentaires celle qui vous paraît la plus plausible. Vous pouvez aussi écrire votre propre fin.

Première possibilité : le chemin spirituel.

… puis-je récupérer ma place ?”. Itsomi se lève, en pleure. Deux personnes l’entourent et l’accompagnent dans un autre lieu. Le Gourou s’assoit et commence à parler.

Il parle de l’importance de voir ce qui nous anime, ce à quoi, en nous, nous adhérons et que nous rendons vrai. Il raconte les dératés “membresques” d’Itsomi, la compagnie rigole de ces tours. Il raconte combien nous pouvons être aveuglés et en conflit entre ce que nous projetons, ce que nous croyons et ce qui est. La salle écoute attentivement. Dehors, notre ami pleure, les deux personnes le consolent.

Deuxième possibilité : l’énergie spirituelle.

… puis-je récupérer ma place ?”. Itsomi se lève, il retourne à sa place, le gourou s’installe sur le fauteuil en asana. Itsomi pleure doucement, son guide spirituel reste en silence, les yeux fermés. Pourtant, l’énergie de sa présence se diffuse, les chercheurs le sentent. Ils se joignent au recueillement. Rien ne vient troubler ce silence qui s’expanse petit à petit. Le calme, la sérénité viennent toucher notre ami dont les pleures cessent. Petit à petit, il perçoit la paix monter doucement dans son être. Comme une onde génératrice, elle vient tempérer son esprit et remplir son ventre. Sa respiration s’élargit. La salle commence tranquillement à chanter un Om Nahma Shivaya d’une voix basse. Le chant participe à augmenter l’onde émanée par le silence.

Troisième possibilité : l’éveil spirituel.

… qu’est-ce que cela change vraiment ?”. Le guide spirituel s’assoit à côté d’Itsomi sur une chaise qui se trouvait tout prêt. Il répète ces mots :

“ qu’est-ce que cela change vraiment, tous tes souvenirs, tes lectures, tes compréhensions erronées de toi et de la vie. Est-ce que cela a fait de toi, réellement une personne différente de ce que tu es vraiment ?

Ton envie d’un éveil spirituel est une recherche noble et respectable, elle est tout autant naturelle que ta compréhension fausse, qui te mène à un comportement conflictuel. Je te félicite de t’être laissé guider par tes pieds et tes mains. Ils ont fait des merveilles. Ils t’ont poussé à prendre conscience de ce que tu retenais en toi et qui te préoccupait. Il est temps de lâcher tout cela et de t’occuper de ce qui est vraiment, ici et maintenant.

Quatrième possibilité : le maître en soi.

Itsomi percevait la main bienveillante de son guide spirituel sur sa jambe. A l’intérieur de lui, le maître en soi lui parla. Personne ne sait ce qu’il lui dit, Itsomi ne le racontera jamais, c’est une expérience propre à chacun. Mais tous les participants virent son visage se transformer, comme une fleur en sommeil qui s’ouvre en plein soleil. Itsomi prit la main de son maître spirituel et la tint un instant. Leurs yeux se rencontrèrent il y avait une tranquille compréhension de part et d’autre. Comme si l’un disait à l’autre : “Tu vois, c’est aussi simple que cela” et que l’autre lui répondait : “Oui, je vois cela”.

Cet article fait partie de l’événement « Agir ? Réagir ? Mais qui ou qu’est-ce qui agit ou réagit? De Didier du blog le voyage du lâcher prise.

Il s’appuie sur le quatrième t’aime-sourires proposé. Il y en a sept.

4. Un matin, vous vous réveillez avec beaucoup d’affaires à régler en ce jour. Mais voilà, de vos membres ni les inférieurs ni les supérieurs ne vous soutiennent dans ces tâches. Au contraire, ils vous entraînent et vous obligent à faire ce que vous avez toujours souhaité et que vous n’avez jamais osé. Racontez cette extraordinaire aventure.

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